Exemple de Danse Onirique

Elle commença à encercler la femme avec une allure mesurée. Ses hanches s'animaient en un mouvement presque imperceptible, ses bras dessinant des arabesques tantôt à droite, tantôt à gauche, tandis que ses doigts dansaient au rythme d'une mélodie silencieuse. La lumière de la pièce s'atténua, plongeant les lieux dans des nuances d’un bleuté sinistre.

Lynwen: Mais qu’arrive t’il quand… Pour certains, le Cauchemar a commencé dès le début...?

Autour de la scène, des édifices émergèrent des ténèbres. Le décor sinistre d’une Cité dévastée, autrefois majestueuse, se dessina au gré des mouvements. Les maisons et les hautes structures, d'une antique architecture pouvant évoquer Ishgard tout en ayant ses subtiles différences, n'étaient désormais que les spectres grinçants de leur splendeur passée. Non loin de Sigel, une version enfantine d'elle-même était assise sur ce qui semblait être les vestiges d'un muret entourée de grimoires anciens. Elle les parcourait avec une gravité et un sérieux bien trop grands pour son âge.

Lynwen: Qu’arrive t’il quand aucun espoir ne vous est promis? Que la maigre Innocence que vous pouviez avoir n’a pas eu le temps de se développer?

Les spectateurs les plus attentifs avaient pu remarquer qu’une silhouette aussi massive que grotesque se déplaçait en silence depuis un moment parmi les bâtiments, profitant de ces derniers pour se masquer à leur vue jusqu’à ce que l’ensemble du public fut bien forcé de l’apercevoir à leur tour. Une Abomination sortit d’une allée, affichant toute sa laideur. Massive, sa peau n’était qu’une chair grisâtre et purulente, sa gueule armée de dents acérées si grandes qu’elles ressortaient. À quatre pattes, elle pouvait évoquer l’allure grotesque d’un lion difforme et sans crinière. La Créature s’approcha de l’enfant alors que la danseuse se faisait plus mélancolique dans sa gestuelle. Enfant qui ne la voyait pas approcher.

Elle lisait… et lisait…

Enfin, l’Abomination poussa un hurlement inhumain et strident, faisant sursauter la petite qui répondit par son propre cri d’effroi. Elle leva la main, défense inutile, face à la griffe qui se levait pour la faucher. Tout se passa en un instant. Un homme brun se précipita hors d’une structure pour s’interposer. D’une rare beauté, ses traits sculptés et exotiques affichaient une teinte basanée, réhaussée par un regard d’un jaune soufre. D’un geste de sa part, le monstre parut englouti par une force invisible, sous le regard choqué de l’enfant qui grandissait à vue d’oeil. Il se tourna alors vers elle dans une parfaite élégance, lui tendant une main tel un gentilhomme.

Ce fut une adolescente qui accepta l’invitation, la croissance se poursuivant à une telle vitesse que ce fut une jeune adulte qui termina de se relever pour se presser contre lui.

Lynwen: Quand le seul Rêve qu’on vous donne est celui d’une parfaite idylle au sein de l’horreur qui vous entoure?

L’homme entraîna alors sa nouvelle partenaire dans une valse gracieuse. Dans un même mouvement, Lynwen entraîna la vraie Sigel dans une valse semblable. Ces duos, tels des reflets dans un miroir brisé, tournoyaient sur la scène, chaque mouvement reflétant l'autre dans une harmonie presque irréelle.

Des silhouettes évanescentes émergèrent ensuite lentement des bâtisses, portant les stigmates de la vie et de batailles anciennes. Leurs vêtements, bien que déchirés et usés par le temps, racontaient leurs histoires de survie et de persévérance. Elles se mirent à applaudir, leurs mains fusionnant avec la mélodie ambiante, devenant elles-mêmes des instruments jouant une partition ancienne.

Lynwen: Parfois… Ce qu’on estime être un Rêve n’est parfois que l’Ombre d’un Cauchemar… D’autant quand il paraît trop beau… pour être Réel.

Alors que la musique continuait, un malaise s'installa progressivement. La version spectrale de la femme, autrefois absorbée par la danse, semblait désormais troublée, perturbée par la cadence croissante des applaudissements pendant que son compagnon se penchait à son oreille pour lui susurrer d’indicibles chuchotements. Les claquements des mains, auparavant harmonieux, prenaient désormais des allures agressives, résonnant comme le crescendo d'une tragédie.

La tension atteignit son apogée lorsque la femme, submergée par le tumulte, s'écarta brusquement de son partenaire, ses mains se portant à ses oreilles dans une tentative vaine d'échapper au bruit assourdissant. L'homme, loin de se préoccuper de son état, afficha un sourire de délectation, paraissant savourer la scène. Un cri déchirant s'éleva, dominant la musique et les applaudissements, comme un écho du désespoir de la jeune femme.

À cet appel, des mains sombres, évoquant des griffes monstrueuses, émanèrent des ombres des survivants pour les engloutir. Malgré les tentatives pour s’en sortir, leurs visages ne tardèrent pas à exprimer leur effroi face à leur sort inéluctable.

Désormais seule sur la scène avec son compagnon, la Sigel illusoire semblait autant abattue qu’en état de choc. Ne semblant pas s’en soucier, l’homme lui tendit la main pour une nouvelle valse. Elle la prit, tremblante, et ils amorcèrent les premiers pas. Plus ils dansaient et plus les traits de la jeune femme se fendaient progressivement d’un sourire malsain. Sa tenue changea, se parant d’une robe luxuriante digne d’une Reine. Leurs mouvements se firent de plus en plus sensuels. Une main glissant subrepticement sur une hanche. Une jambe relevée et dégagée, il ne s’agissait plus d’une simple valse mais d’une ode à la luxure. Si la gestuelle restait correcte, elle était assez suggestive pour renforcer le malaise de la scène.

Lynwen elle-même accompagnait le mouvement, son corps ondoyant au rythme du duo décadent.

Lynwen: Quel Espoir pour les déchus? Parfois, la réponse se trouve au fond de soi…

Des ruines, de nouvelles ombres surgirent, esquissant les contours d'hommes et de femmes. Leurs accoutrements, aussi variés que les couleurs d'un crépuscule, témoignaient de leur diversité. Détournant son attention de sa partenaire initiale, l'homme la délaissa pour aller vers ces apparitions, entamant une danse complexe et changeante avec chacune d'entre elles.

Lynwen: Et si on s’ouvre à de nouveaux chemins…

Abandonnée, la Reine prit une teinte livide. Elle tenta désespérément de se frayer un chemin vers lui mais fut repoussée, encore et encore, dans une boucle cruelle d'isolement. Alors qu'elle se tenait là, accablée, un toucher gracile se posa sur son épaule. Un danseur mystérieux, drapé d’une capuche, s’était avancé jusqu’à elle, l'invitant silencieusement à se perdre dans une nouvelle danse.

La Reine saisit alors la main offerte mais loin d’amorcer une valse fluide, leurs premiers pas furent empreints d’une tension conflictuelle. Mais à mesure que le temps s'écoulait, un lien harmonieux se tissait entre eux. Alors, dans un élan de confiance, elle dévoila le visage de son mystérieux partenaire, ses yeux se confrontant à ceux d’une Elézéenne à la longue chevelure d’ébène et aux yeux d'un bleu glace la regardant avec une profonde tendresse. Cette vue, telle une libération, parut conjurer un mauvais sort au vu de la métamorphose subite de la parure lourde qui laissa place à une étoffe plus modeste mais d'une grande élégance, miroitant la tenue de la réelle Sigel.

Lynwen: Alors peut-on apprendre à Rêver ~

La musique retomba lentement, le décor illusoire se dissipant alors que la danseuse arrêtait ses mouvements.